SURVIVRE AU SYNDROME DU NID VIDE

syndrome nid-vide
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Pas de ouf de soulagement lorsque le petit dernier quitte le cocon familial. De nombreuses femmes éprouvent le syndrome du nid vide, une période transitoire où sentiments de tristesse et de vacuité se mêlent dans un questionnement radical et philosophique : À quoi vais-je servir maintenant ?

C’est un tournant, un baby-blues à rebours. Le syndrome du nid vide serait un sujet tabou comparé à d’autres étapes de la vie comme un divorce ou un deuil. Marie Josée d’Astrée, formatrice dans une organisation internationale et auteure du récit « le nid vide, un mal de mère » décrit l’image d’un lent glissement le long d’une paroi lisse. Une sensation éprouvée lors de l’installation de son fils en Amérique du Sud . « Fini le bruit, les piles de linge à repasser et le frigo éternellement dévasté ». Mais le cœur n’y est plus, et un sentiment de perte prend le pas. « Ce qui me frappait le plus c’est que je ne pouvais en parler à personne, même pas à mes proches sous peine de passer pour une mère possessive ».

Lucille, mère de deux jeunes adultes de 23 et 24 ans pointe elle aussi ce changement dans les habitudes du quotidien. « La maison était rangée, les copains de mes fils ne passaient plus. Un profond sentiment de tristesse s’est installé ». Et pourtant, ces deux mères de famille sont des femmes très occupées, à l’apogée de leur carrière professionnelle avec de nombreux déplacements et voyages. Loin du stéréotype de la femme au foyer exclusivement dévouée au bien-être de sa couvée. Béatrice Copper Royer, psychologue clinicienne spécialisée dans l’enfance et l’adolescence avance une première analyse,  » paradoxalement, il y a une intimité avec les enfants qui est plus forte qu’avant et qui rend leur départ plus compliqué ».

 L’enfant est un socle affectif extrêmement solide au milieu de tout le tourbillon des relations amoureuses.

« Si le pivot de votre investissement émotionnel est vos enfants, au moment où cela s’arrête, l’axe de votre vie est changé ». Un bouleversement tel « que le monde change de couleur ». Pour Marie Josée d’Astrée commence une période où elle « refiltre » de façon négative tous les évènements de sa vie. A l’heure où il faudrait se recentrer sur soi pour se découvrir d’autres talents que celui de mère de famille, cette période semble mal anticipée. Lucille se demande pourquoi ce moment crucial, n’est pas abordé au lycée dans le cadre d’une association de parents d’élèves par exemple.

Car on a beau savoir que les enfants sont éduqués pour être autonome, le choc est parfois brutal, même quand on a lu Cosmo et Elle toute sa vie ironise Marie-Josée. Lorsque le plus jeune fils de Lucille lui annonce qu’il va vivre en couple, elle ne comprend pas tout de suite qu’il part pour de bon. « Même si le plus jeune vit toujours à côté de nous dans un studio indépendant, demeure un sentiment de frustration. A 50 ans, on a une stabilité financière qui nous permet de les gâter mais ils ne sont plus là ». Partie à 19 ans de chez elle, Lucie se rappelle que sa mère, adhérente d’une association accueillait des adolescents chez elle.

Il ne faut pas non plus idéaliser. Il y a aussi des moments où des jeunes adultes à demeure ce n’est pas toujours  extrêmement agréable !  Et on ne peut pas imposer à des jeunes de 25 ans les règles qu’on leur impose à 15 ans.

Lucille a rempli le nid d’une autre façon. Elle a repris un chien sans intention de faire le moindre transfert affectif. Béatrice Copper Royer relativise ce passage à vide. « Les enfants s’éloignent mais ne meurent pas ! Il y a une communication et un lien presque égalitaire avec les enfants adultes très intéressants. Déchargé du côté éducatif pénible, il faut accepter qu’on va continuer à s’aimer et à se côtoyer sur un autre mode ».

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