SUÈDE : AU PAYS RÊVÉ DE L’ÉGALITÉ FEMME HOMME L’ÂGISME S’ÉPANOUIT

La Suède érigée en modèle en matière d’égalité femme homme est cependant épinglée pour sa discrimination sur l’âge. Des comportements accentués par les politiques de santé publique développées lors de la pandémie.

C’est le pays qui constitue un modèle depuis des décennies. Une spécificité reconnue aussi bien en matière d’organisation du travail ou d’égalité des genres expliquait déjà la revue Cairn en 2005. La mise en oeuvre de congés parentaux dès 1974, la répartition des tâches au sein du foyer et les politiques publiques visent à maintenir l’accès à l’emploi de manière égalitaire écrit l’OCDE dans un rapport en 2018.

Une exemplarité qui pourtant vécue de l’intérieur n’est pas si lisse qu’il y parait. En 2015, la professeure de biologie Pernilla Wittung-Stafshede écrit que même si l’égalité de genre règne dans les foyers, les biais sexistes ne sont pas absents. Seuls « 20% des professeurs à l’université sont des femmes ». Un paradoxe dans l’un des pays les plus égalitaires au monde selon le classement du Forum économique mondial en 2019. Cet ADN égalitaire axé sur le travail résiste-t-il face au vieillissement de sa population ?

L’agisme dès 40 ans

Dans Lettre de Suède publiée dans Le Monde, la journaliste pointe les discriminations agistes accentuées par la crise du COVID. Et tout particulièrement « la règle des 67 ans » qui donne aux employeurs la faculté de se séparer de leurs salariés dans un délai d’un mois, faute de quoi « ils sont de nouveau couverts par la loi sur la protection de l’emploi ». La présidente de la NOPA (Nordic Older People Organisations), Christina Tallberg relevait dans un article relayé par Age Platform Europe que moins de 2% du parlement suèdois a plus de 65 ans alors que cette population représente plus de 25% des individus en âge de voter. Une inadéquation qui pose problème.

L’économiste Magnus Carlsson, co-auteur d’un rapport sur le travail des seniors en 2019 est encore plus pessimiste. Il estime que passé 40 ans, le marché du travail se rétrécit considérablement. Un constat fait sur la base de l’envoi de plus de 6000 candidatures à plus de 2000 entreprises. « Nous avions une hypothèse avant le début de l’étude que la cassure se ferait à 55 ans. Si vous regardez les statistiques du marché du travail sur le chômage et les chances d’avoir un travail, il semble que quelque chose se passe à ce moment-là. C’était surprenant de voir que cela commençait plus tôt » relate le média suédois The local.

Et cela chute drastiquement puisque passé 65 ans, les chances de retrouver un employeur passe à 2-3% selon l’étude. En cause, les stéréotypes qui lient vieillissement et incapacité à se former.

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