RÉINVENTER SA VIE : ELLES ONT OSÉ

reinventer sa vie : elles ont osé

En tout Sur le thème de la réinvention professionnelle l’institut OpinionWay  a interrogé un panel de 2001 personnes (hommes et femmes confondus) de plus de 18 ans pour le forum ELLE Active. 48% des actifs sont concernés. Le phénomène n’est donc pas marginal surtout pour les femmes.  25% d’entre elles considèrent qu’on peut se réinventer à tout moment. Cependant le milieu de carrière est souvent le plus propice pour l’envisager. Comment réinventer sa vie ? A partir de quel évènement ? Quels sont les ingrédients de ce passage à l’acte salutaire pour toutes celles que nous avons rencontrées. Témoignages.

Suite à une lente réflexion ou à un évènement déclencheur Sophie, Juliane, Dominique et Nathalie sont passées à l’acte. Différemment toutes ont réinventé leur vie. Mais elles ont choisi de mettre l’ennui de côté, d’aller vers  l’inconnu pour trouver leur personnalité profonde. Dominique (57 ans) et Juliane (44 ans) avaient la sensation d’avoir fait le tour de leur job. Notaire Dominique avait réalisé tous les challenges de son métier. « A l’époque il n’y avait que 5% de femmes notaires. Non seulement j’avais acheté une étude avec une autre femme. Mais j’avais réussi mon implantation dans une région viticole ». Un exploit au vue des réactions machistes de la profession et de la clientèle un poil conservatrice ! Pour Juliane le tempo d’une activité dans l’évènementiel ne s’accordait plus avec sa vie de famille. « Les perspectives d’évolution étaient faibles et je travaillais tard le soir et les week-ends ».

 

Pendant des années je n’étais pas heureuse. Mais c’est une question que je ne me posais pas. Ca vient de mon éducation bourgeoise. Tu as un toit. A manger. Tu pars en vacances. Pourquoi tu te poses des questions ? Mon père me disait pourquoi tu veux faire des études tu vas finir par te marier ! Sophie.

 

La vie de Sophie (48 ans) est bouleversée à la naissance de son fils dont l’autisme est diagnostiqué à  l’âge de 20 mois. « On avait plus de 10 ans de vie commune avec mon mari. Mais on s’est aperçu qu’on envisageait pas du tout les choses de la même façon ». La charge émotionnelle et la prise en charge du handicap sépare le couple. Sa vie professionnelle est alors en pleine expansion. Diplômée de communication aux Etats-Unis elle est associée dans une entreprise de packaging industriel. « J’étais au Comex et je travaillais pour des très grands groupes comme Pepsi et Danone ». Mais malgré le confort de vie le questionnement arrive sur le sens de sa vie. Mettre de l’humain dans sa vie professionnelle est un réel besoin. Pourquoi poursuivre quand le job n’est qu’alimentaire ?

 

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Licenciement et congé maternité le bon moment pour réinventer sa vie

C’est à la faveur d’un licenciement que Nathalie (57 ans) aujourd’hui infirmière  imagine ce que doit être la suite de sa vie. « L’idée de reprendre un poste d’assistante ne me branchait pas. A 40 ans j’ai fait un bilan de ma vie. Si je voulais faire quelque chose qui m’intéressait c’était maintenant ».  Elle sera infirmière. Une vocation tardive avec un déclencheur émotionnel qu’elle analyse à rebours. « J’avais été incapable d’accompagner mon père dans les derniers instants de vie à l’hôpital. Je n’arrivais pas à aller le voir. je ne savais pas comment faire ». Juliane dessine elle aussi sa nouvelle vie professionnelle dans un entre deux. « J’étais en congé de maternité et la dernière boite dans laquelle je bossais a fait faillite. Ca m’a permis de me retourner et de me lancer dans la vidéo qui était ma passion ».

Un sentiment d’urgence

Juliane fait le grand saut à 30 ans. « Je ne me suis pas laissée le choix. J’ai acheté un camescope et je me suis formée toute seule ». Avec trois enfants en bas-âge Nathalie bûche pendant un an le concours d’infirmière. « J’avais trouvé mon domaine ». C’est ce même cheminement qui conduit Sophie a radicalement changé d’orientation. Elle aussi reprend des études à la grande incompréhension de ses parents.  » Il y a eu un second déclencheur lors d’une conférence qui réunit Matthieu Ricard (moine bouddhiste), Christophe André (psychiatre) et Pierre Rabhi (pionnier de l’agriculture écologique). Ca me parlait d’un retour à l’essentiel. Trois jours plus tard j’ai annoncé à mon associé que je serais partie le 31 décembre ».  Dominique quant à elle refuse de « ronronner » plus longtemps.

 

Je gagnais particulièrement bien ma vie. Aujourd’hui j’ai un salaire basique. Pourtant ce n’était pas un problème pour moi. Je pense que si je n’avais rien changé dans ma vie je serais tombée malade. Dominique

 

Réinventer sa vie pour retrouver le sentiment du bonheur

Opinion Way révèle que 68% des personnes interrogées ont mis moins d’un an à se réinventer. Pourtant il s’agit très souvent d’un projet mûri longuement. Parfois même sans en avoir vraiment conscience. Juliane qui n’a pu accéder à des études de cinéma parce que ce n’était un « vrai » métier aux yeux de ses parents a mis dix ans à revenir à ce qu’elle était. Une créative née. Sophie devenue psychothérapeute s’intéresse à la photographie comme outil thérapeutique. « Je me suis rendue compte qu’il y avait en moi une facette créative qu’on avait pas exploré ». Ou peut-être s’agit-il d’une prise de confiance pour s’autoriser à être qui on est sans le formatage insufflé par les générations précédentes.« Nos parents faisaient le même boulot toute leur vie » notent Juliane et Sophie.

 

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Je voulais tout apprendre, tout connaitre. C’est un kif d’apprendre. Quand on reprends ses études on veut prouver aux autres qu’il n’y a pas d’âge. J’ai été dans les meilleurs de ma promo. Nathalie

 

« Il faut une grosse motivation »

 Nathalie et Juliane déplorent le regard d’une société frileuse aux changements.« Je ne suis pas devenue quelqu’un de différent. Tout ce que j’ai acquis dans ma vie d’avant me sert dans la nouvelle » glisse Sophie. Malgré les craintes familiales Juliane a pu compter sur le soutien de ses amies les plus proches. Nathalie se souvient qu’il a fallu encaisser les réflexions acides de l’orientateur rencontré à Pôle Emploi . « Quand je lui ai parlé de mon projet de devenir infirmière il a rigolé en me disant vous savez c’est très bien secrétaire médicale » ! Seule Dominique n’a pas changé de domaine d’activité. Elle a retrouvé sa dose d’adrénaline dans une grande entreprise où elle dispense de la formation juridique à des publics très divers. Ce rééquilibrage lui laisse 4 mois par an de liberté. Une aubaine pour s’investir à un très haut niveau dans une ONG internationale.

 

Contrairement à la plupart des gens je me sentais bien dans un hôpital . J’avais envie d’apporter ma pierre à l’édifice. Je n’ai jamais regretté même quand on côtoie la mort. Nathalie

 

Les revenus ne sont pas le premier critère de la réinvention

Aucune ne regrette les changements qu’elles ont impulsés. Même lorsque cela entraine des rémunérations moindres. Juliane après avoir filmé des bébés dans des maternités frappe à la porte de la société de design de son frère pour qui elle réalise des vidéos aujourd’hui. Aujourd’hui elle gagne bien sa vie en faisant ce qu’elle aime. « Heureusement que je n’ai écouté personne. Je suis à la limite de la génération qui ne s’octroyait pas beaucoup de possibilités de changement ». Réinventer sa vie serait un privilège réservé à une génération ? Pas certain. Dominique dont les revenus sont moins importants a remis en cause sa vie à  l’âge où d’autres pensent à la retraite. Sophie a vendu sa grande maison pour financer ses études. « On habite aujourd’hui dans un appartement plus petit et tout est réfléchit en fonction d’un mode de vie écologique ».

L’entourage

Difficile de réinventer sa vie sans l’adhésion des proches. Nathalie confirme que sans le soutien de son mari elle n’y serait pas parvenue. « Pendant les 3 années d’études je n’ai plus eu de vie sociale. Il ne me voyait plus. Je bossais soirs et week-end. Ça, plus la gestion du quotidien c’était super dur ! Avec le recul je ne sais pas si je le referais ». Juliane aime la liberté des millennials qui n’hésitent pas à quitter leur job pour vivre autre chose. « C’est beaucoup plus compliqué à faire quand on a une famille et des crédits sur le dos ». La fuite ne peut être le moteur du changement. « Il faut être super convaincue ». Pour Dominique la solution a été radicale aussi sur le plan personnel. « Je me suis réveillée à 40 ans. Etais-je capable de vivre avec ce monsieur au demeurant charmant encore 40 ans » ? La réponse a été négative.

 

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