ON TRINQUE « Â NOS AMOURS » AVEC SOPHIA ARAM

Sophia Aram © Benoit Cambillard

Sophia Aram a repris sa tournée avec son dernier spectacle co-écrit avec Benoit Cambillard, sobrement intitulé « à nos amours ». Au programme des contes de fées, des chansons, des gourdes, des princes déconfits, du vocabulaire, de la sexualité, des titres de presse et des chansons. Autant d’outils pour déconstruire avec pédagogie le sexisme en 1h 20 chrono.

L’humoriste a choisi la pédagogie pour faire passer le gros morceau du sexisme. Oui c’est toujours pas fini ! Et Sophia Aram revient aux racines du mal(e). Ça commence dès l’enfance et par des contes de fées dans lesquels les héroïnes refusent de se prendre en main. Blanche Neige incapable de répartir la charge ménagère entre les 7 nains et Cendrillon dont la vie en attendant le prince charmant est revisitée par la célèbre tante Fatiha, personnage récurrent de Sophia Aram sur France Inter.

La pédagogie est omni présente, car parler du sexisme c’est allé à la source des violences à l’encontre des femmes affirme la féministe. Sur scène, elle s’étonne de la déflagration de l’affaire Weinstein. Rien de nouveau sous le soleil pourtant, le sexisme bien ancré s’invite même inconsciemment dans le discours de certaines femmes. Ces « féministes mais … qui ont peur pour l’amour » et n’aimeraient pas gagner plus que leur mari. Et c’est bien sous couvert d’amour que le sexisme s’épanouit en toute impunité.

Le sexisme se niche dans le vocabulaire

Sophie Aram transformée en professeure d’argot décortique la puissance évocatrice des mots masculins vs leur féminin. Un coureur, une salope. Pas besoin d’explication car si le sexisme se niche dans les mots, il est aussi redoutable dans la manière de qualifier les femmes. L’humoriste athée déplore l’inégalité des rapports femme homme soutenue par les religions. « C’est à se demander si les hommes n’ont pas accepté d’être soumis à Dieu en échange d’obtenir la soumission des femmes ? ».

Non pas que le sujet soit méconnu ou insuffisamment documenté, mais il était visiblement rangé sur l’étagère de la violence ordinaire à une époque où il n’était plus de mise « d’en faire trop avec le féminisme » devenu aussi « obligatoire » que « ringard » au prétexte qu’il aurait « déjà gagné »

Sophia Aram

Cesser de parler de ragnagna !

Mais, le créateur a néanmoins eu le souci du détail en attribuant un clitoris aux femmes malheureusement sans mode d’emploi pour les hommes. La sexualité, le désir et le plaisir s’invitent dans le spectacle avec la promesse d’un débat sur la masturbation féminine. Mais avant il est urgent de parler des règles, sujet toujours tabou chez les hommes avec un mot d’ordre pour les femmes. « Cesser de parler de ragnagna » ! ou de tout autre son elliptique pour évoquer les menstruations. La chroniqueuse de France Inter imagine alors le sujet évoqué dans les cours d’école si les hommes avaient leur règle. Une fierté !

Rire avec l’indicible c’est aussi lire les titres de presse qui transforme les féminicides en faits divers (voire divertissant). Sophie Aram s’est inspirée du Tumblr de la féministe Sophie Gourion pour faire sa sélection. Parler « d’un amoureux éconduit » au lieu de « meurtrier ». Le langage affaiblit le sexisme en ramenant les violences faites aux femmes à des différends d’ordre privé ou la passion aurait «mal tournée ». L’humoriste fait une oeuvre salutaire en répondant à tous ceux et celles qui pensent et disent encore « On ne peut plus rien dire ».

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