LES FEMMES QUI VIEILLISSENT DOIVENT-ELLES CHOISIR ENTRE ÊTRE AUTHENTIQUES OU PARAITRE COMPÉTENTES ?

les cheveux gris pour les femmes vieillissantes
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La compétence et l’authenticité seraient deux objectifs contradictoires que poursuivraient les femmes vieillissantes. Comment affirmer sa compétence en choisissant d’assumer les signes physiques de l’âge ? Un comportement que décode une chercheuse de l’Université d’Exeter sur la base de témoignages.

Vanessa Cecil étudie les liens entre âgisme, sexisme et apparence. Un combo fatal pour les femmes vieillissantes. La chercheuse s’interroge sur les stratégies mises en place par cette population pour garder leur crédibilité professionnelle tout en affichant les signes de leur âge, notamment leurs cheveux grisonnants. « Comment négocient-elles les messages sociétaux contradictoires sur leur apparence à mesure qu’elles vieillissent ? » questionne la chercheuse.

La question n’est pas futile. Les femmes dealent avec leur apparence en toute circonstance, et le vieillissement cristallise les options. Doit-on cesser de teindre ses cheveux pour se fondre dans la masse d’une jeunesse illusoire et se parer de ses vertus professionnelles ? Ne pas être estampillée « vieille » serait un gage d’employabilité. « Le travail de beauté fait référence à des pratiques esthétiques effectuées sur soi-même afin d’obtenir des avantages au sein d’une hiérarchie sociale » analyse Vanessa Cecil.

Compétence et authenticité

Symptomatiques, les cheveux gris signaleraient la quête d’authenticité des femmes avec le risque de subir des discriminations et être disqualifiées sur leurs compétences. L’entrée dans la vieillesse matérialisée par le passage au gris, rend l’expérience obsolète et figée. Mais gare à celles qui couvriraient les signes de l’âge avec trop d’efficacité. Atténuer mais pas trop sinon le risque de « paraitre trop jeune » » vaudra moqueries et honte.

De cet impossible équation, la société et les médias nous enjoignent à « vieillir avec grâce ». Une expression que j’ai analysé dans « Vieille c’est à quelle heure ?! ». « Adressé aux femmes exposées médiatiquement, ce concept pervers s’applique à toutes celles qui paraissent plus jeunes que leur âge biologique, comme si par leur seule volonté, elles pouvaient infléchir le cours du temps, laissant supposé que toutes les autres ne seraient que d’affreuses faignantes qui se laissent aller ! ». En ce sens, les témoignages recueillis par Vanessa Cecil indiquent que les femmes qui ficheraient la paix à leurs cheveux compenseraient en ayant « recours à d’autres pratiques de beauté pour atténuer les effets des cheveux gris ».

Dissimuler ou pas ?

Dissimuler ou ne pas pas dissimuler telle semble être la question, mais cette dichotomie entre l’authenticité et la compétence devrait être tranchée au regard de ce que signifie l’authenticité pour chacune des femmes qui vieillissent. La couleur des cheveux peut être un étendard, une signature de sa personnalité, qui passé par le gris ampute une part de notre personnalité. Pour d’autres, l’authenticité se définit par renoncer aux stratégies de leurre pour « recadrer la signification» de la catégorie vieux.

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