LES FEMMES FACE À LA MÉNOPAUSE : UN SUIVI MÉDICAL SOUVENT INSUFFISANT EN FRANCE

ménopause

Les femmes sont inégales face aux symptômes de la ménopause, mais beaucoup regrettent une prise en charge insuffisante, voire un manque de formation des professionnels qu’elles consultent. D’où viennent ces difficultés ? Qu’est-il possible de faire pour y remédier ? Deux gynécologues médicales et une sage-femme nous éclairent sur cette question.

« Mon généraliste ne m’a parlé de rien. Mon gynéco m’a juste expliqué que si j’avais des soucis pour les rapports sexuels, il pouvait me prescrire une crème ». Il y a quatre ans, Victoria, 52 ans aujourd’hui, a commencé à ressentir les premiers symptômes de la ménopause, mais a fait face à une prise en charge qu’elle considère insuffisante. « On ne m’a pas dit que j’allais ressentir une extrême fatigue. On ne m’a parlé que des traitements médicamenteux hormonaux. Je trouve qu’il y a vraiment un manque de prise en charge et d’information sur ce qui se passe dans notre corps », explique-t-elle au téléphone, remontée et en même temps satisfaite d’avoir finalement réussi à « bien gérer » cette période grâce à des compléments alimentaires qui lui ont fait beaucoup de bien. 

Isabelle, 51 ans, s’est heurtée de son côté à un énième problème de prise en charge dans une vie gynécologique déjà fortement mouvementée, après un diagnostic très tardif de l’endométriose et une grossesse extra-utérine. « Vers 40 ans, je n’étais pas très en forme psychologiquement à la suite de cette grossesse et mes règles se sont totalement arrêtées, mais personne ne s’inquiétait. On m’a juste bourrée d’antidépresseurs et on me disait que c’était à cause de l’endométriose, alors que je grossissais, que j’avais toujours mal au ventre et que j’avais comme des crises de panique dès que je me levais en raison d’une tension basse. J’ai demandé si ça pouvait être la ménopause, mais ma doctoresse me disait que j’étais beaucoup trop jeune. Elle a même refusé de me faire des tests que je réclamais », raconte-t-elle. Alors Isabelle a trouvé un autre médecin généraliste plus conciliant. Résultats des tests : « des taux d’hormones d’une femme de 80 ans ». Immédiatement, elle a reçu un traitement hormonal. « Quelques jours plus tard, j’étais en pleine forme »

«Les femmes estiment qu’elles n’ont plus besoin de suivi gynécologique»

Qu’elles s’appellent Victoria ou Isabelle, de nombreuses femmes font face aujourd’hui à des insuffisances ou à des difficultés de prise en charge lorsqu’arrivent les premiers symptômes de la ménopause. La raison ? Parce que « la ménopause est un tabou à la fois pour les femmes et pour les professionnels », estime Brigitte Letombe, membre du comité scientifique du Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement Hormonal (Gemvi). Pour les femmes, « c’est encore vécu pour beaucoup comme un signe de vieillissement et de fin de vie »« Elles viennent donc voir le gynécologue pour la contraception ou pour faire leur frottis », mais pas de manière systématique face aux premiers symptômes de la ménopause. Hélène Legrand, gynécologue tout juste à la retraite et coprésidente du Comité de défense de la gynécologie médicale, abonde : « Des femmes se disent qu’elles n’ont plus leurs règles et plus trop de relations sexuelles, donc qu’elles n’ont plus besoin de suivi gynécologique, alors que c’est totalement faux. » 

3 femmes sur 4 méritent d’être prises en charge à la ménopause

Puis il y a eu « toutes les polémiques sur le traitement hormonal » à partir de la publication d’une étude controversée en 2002, qui ont conduit à ce que les femmes se disent qu’elles n’avaient pas besoin de suivi particulier pour la ménopause. Or, comme Brigitte Letombe le rappelle, « 3 femmes sur 4 vont avoir des problèmes à la ménopause » et méritent d’être prises en charge, parce qu’elles font face à cette période à des risques osseux, vasculaires, de diabète ou neurologiques plus élevés. Et si le traitement hormonal peut s’avérer être une réponse efficace face à certains symptômes, il n’est pas la panacée. D’autres prescriptions et suivis peuvent aussi être recommandés et être suffisants selon les cas.

Brigitte Letombe milite donc pour que toutes les femmes puissent bénéficier à la cinquantaine d’une consultation spécifique de suivi de la ménopause, afin qu’elles soient bien informées des changements qui s’opèrent et obtiennent des recommandations personnalisées. « La consultation de ménopause, c’est au moins trois quarts d’heure, parce que cela nécessite de prendre énormément de paramètres en considération. Et puis il faut expliquer, dédramatiser, connaître les idées reçues, rapporter les résultats des études… C’est énormément de boulot, puis il faut assurer le suivi pendant 3-4 ans. » Malheureusement, les professionnels de santé ne sont pas tous assez formés ou en assez grand nombre pour que ce suivi soit correctement assuré pour toutes les femmes.

Un vide de gynécologues médicaux

La France paie les frais de l’interruption de la formation de gynécologie médicale entre les années 1986 et 2003, qui a conduit à la pénurie de ces professionnels. « Quand j’ai eu le concours en 1975, on était 130 gynécologues médicaux à sortir tous les ans, alors qu’il y avait moins de femmes en France qu’en 2021 et qu’elles vivaient moins longtemps », s’exclame Hélène Legrand. 3 millions de femmes signent dans les années qui suivent une pétition réclamant le retour de cette spécialisation. Face à ces revendications, la spécialisation est finalement réouverte. Seulement, difficile de combler le vide laissé pendant 17 ans. Les premières années, une dizaine de praticien·nes sont diplômé·es, pour arriver à 80-90 par an aujourd’hui. En 2020, la France comptait 923 gynécologues médicaux pour tout le territoire et 13 départements n’en recensaient aucun, selon le Conseil national de l’ordre des médecins.

À l’arrivée de la ménopause, lorsque les femmes choisissent de se faire accompagner, elles n’ont donc bien souvent d’autre choix que de se tourner vers leur gynécologue obstétricien ou leur médecin généraliste. Parfois, la prise en charge est bien réalisée. Parfois, moins. « Il y a des gynécologues obstétriciens qui s’intéressent au sujet de la ménopause, mais ils sont souvent débordés par leur activité chirurgicale », explique Brigitte Letombe, qui fait aussi le lien avec le manque de gynécologues obstétriciens. « Les médecins généralistes ont tellement de choses à faire qu’ils n’ont pas forcément le temps de faire de la gynécologie », rapporte de son côté Hélène Legrand. Les polémiques depuis 2002 font aussi que la plupart d’entre eux ne « sont pas formés à l’éventualité d’un traitement hormonal », développe Brigitte Letombe. 

Les sages-femmes, des interlocutrices de choix ? 

Face à cette pénurie, les sages-femmes pourraient-elles être des interlocutrices de choix pour une meilleure prise en charge de la ménopause ? La réponse n’est pas catégorique et laisse entrevoir une querelle de chapelle. Pour Isabelle Derrendinger, secrétaire général du Conseil national de l’ordre des sages-femmes, son corps de métier est tout à fait apte à répondre à ce suivi pour certaines femmes. Les sages-femmes, « profession de référence pour le suivi des femmes en bonne santé », peuvent tout à fait accompagner certaines femmes à ce moment de leur vie en insistant sur des conseils hygiéno-diététiques, comme le recommande la Haute autorité de santé, pour mieux faire face aux bouffées de chaleur, aux insomnies, à l’irritabilité ou prévenir les risques d’ostéoporose. Par contre, si une femme présente des facteurs de risque, alors elles la réorienteront vers d’autres spécialistes. Elles ne peuvent pas non plus prescrire de traitements hormonaux. 

Les gynécologues médicales Hélène Legrand et Brigitte Letombe y voient un risque. « Les sages-femmes revendiquent le suivi physiologique des femmes, mais comment savent-elles qu’une femme n’a pas de maladie ?, s’interroge Hélène Legrand. Nous, on a fait de la médecine générale avant, on sait reconnaître quelque chose d’anormal dans le corps de la femme. » « Suivre une femme ménopausée, ça nécessite un bilan médical : un bilan cardiovasculaire, osseux, métabolique… Ce n’est pas la sage-femme qui va le prendre en charge », ajoute Brigitte Letombe. Pour la membre du Gemvi, l’amélioration de la prise en charge de la ménopause passe donc par une meilleure formation de l’ensemble des médecins. C’est pour ça que le Gemvi a travaillé pendant deux ans avec le Collège national des gynécologues et obstétriciens français pour publier de nouvelles recommandations sur la prise en charge des femmes ménopausées, rendues publiques en janvier. 

La ménopause est une construction sociale

Isabelle Derrendinger insiste sur point : « La ménopause ne nécessite pas en soit une consultation », car ce « n’est pas une maladie », c’est une « construction sociale qui pathologise ce moment de la vie », affirme-t-elle en citant les travaux de la sociologue Cécile Charlap, autrice de La Fabrique de la ménopauseIl n’y a donc « pas forcément besoin d’aide thérapeutique », surtout d’un accompagnement pour « lutter contre les constructions sociales ». Sur ce dernier point, les trois professionnelles de santé sont d’accord. Lutter contre le tabou de la ménopause, c’est donc aussi bien encourager les femmes à aborder cette étape de manière sereine, qu’avoir des professionnels mieux formés et en plus grand nombre pour que ce passage engendre le moins de complications possibles. 

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Comments · 7

  1. La ménopause n’est pas du tout une maladie en effet, donc pourquoi devrait elle être encore plus « prise en charge »: je perçois une légère contradiction dans l’article. En ce qui me concerne je la vis comme une délivrance car j’avais des règles douloureuses, qui m’épuisaient. Je ne me suis jamais sentie si bien dans ma peau.

  2. Pour ma part on m’a carrement refuse le traitement à cause d’un petit accident uniquement provoque par le stress (la perspective de la bouse et les effets de la prebouse sur l’humeur mettaient les nerfs à rude épreuve ajoutés aux soucis habituels). Ce que je considère comme une absurdité sans nom attendu que je n’avais pas le moindre facteur de risque – j’étais le cas mystère de l hôpital sur ce coup là – et qu’on n’a retrouve aucune trace vasculaire, d’autant que précisément la bouse modifietait la substance blanche de telle sorte que le risque EST augmenté sans traitement (dont il a été démontré si j’en crois des articles ur le sujet notamment anglophones – évidemment – que le risque vasculaire est très léger en l administrant en transdermique.
    J’ai eu tous les symptômes de cette saleté qui a détruit ma vie j’en suis restée dysthymique et ai perdu tout élan de vivre, je connais tout au plus des accès sporadiques d’enthousiasme vite retombés quand je vois dans quel état ça m’à laisse peau visage cheveux et moral. Les substitutservices naturels sont pure billevesées d’abord pour en revenir auX fameux risques ce sont des hormones ingérées donc pas mieux qu un ths trabsdermique et à terme ça coûte une fortune. On peut toujours vaguement freiner la déchéance en modifiant son hygiene de vie et se donnant la peine de demarrer a la main en permanence jusqua la fin de sa vie – pour ma part je suis deja dans l autre monde et ce ne sont pas fortune confort et succes qui compenseront je n etais qu au debut de ma vie, certains parcours sont longs et complexes, à croire que la vie n’est qu économie et rendement, ponds ou crève. La fécondité ne me manque pas mais où diantre veut en venir la nature à transformer en ça des organismes dont les organes reproducteurs ne fonctionnent plus ? Je suis encore en bonne santé mais l’être pour une vieille n’est pas très enthousiasmant ça revient à la notion de durer d’un jour à l’autre donc se traîner.
    Pour en revenir au sujet je ne comprends defibitivement pas les bonnes femmes qui refusent le ths. J aurais échange quand elles veulent ! Ni celles qui trouvent que c’est une chance de vieillir. Les plaisirs du grand âge on peut les connaître n’importe quand. Vivre normalement est beaucoup trop court. Et je ne parle pas de l’aspect séduction etc ça en revanche c’est un avantage de ne plus être parasitee par les injonctions de ses hormones et pouvoir à nouveau penser relativement nettement.
    Le seul avantage que je voie à ne pasobtenir est qu’on a le temps de s’habituer à son statut de rien et au mieux de « vieille du morvan » de legende ou de douairiere (si on dispose du niveau de vie ou du décor adéquat pour ces 2 derniers ça reste supportable) au lieu de prendre 10 ans dans les dents en 6 mois en se trouvant 5 à 10 ans plus tard face au même mur que moi.

  3. PS : et les règles – elles me manquent terriblement – n’ont jamais été un problème pour moi, c’était même le moment du mois où je me sentais le mieux, j’ai été fort naïve de penser que la bouse se passerait sans problème. Quant aux prémisses de la chose j’ai juste un droit à un vous vous ne serez jamais obèse et debrouille toi avec ça, rien pour rééquilibrer, aucun soin. Ce qui est très drôle puisque j’avais pris 7 kilos que j’ai fini par reperdre au prix de modifications drastiques de mes habitudes alimentaires et sportives mais ma peau n’a vraiment pas apprécié. Je suis également certaine qu’il y a plusieurs « niveaux » d’ordre social dans la prise en charge mais c’est un autre débat et ça ne me servirait plus à rien désormais de pouvoir le confirmer ou non.
    Je ne vois pas de quoi la bouse délivre. A la rigueur d’être une marchandise mais le mépris ne vaut pas mieux que les aspects négatifs de la convoitise ni que le fameux « destin » de la femme.
    En revanche ce qui est intéressant c’est de constater ce qui fonctionne toujours en tant que la personne que nous sommes, même féminine, et repérer finalement ce qui n’a rien à voir avec les hormones ou la « fonction » maternité. (Je n’ai pas d’instinct maternel sur ce point au moins pas d’exil 🙂

  4. bonjour, c’est peut être uen construction sociale, mais lorsque j’ai eu ça, jemais je n’vais été aussi malade, epuisee, insomniaque, essouffllee de toute mon existence, une gueule de bois puissance 10 d’ailleurs , habituée à être en santé et dynamique, j’ai fait connaissance avec des maux dont je ne soupçonnais pas meme l’exisatence et découvert celle de mes articuations. Sans exagérer, une épave gélatineuse (j’avais toujours été maigre et bien sèche, ça aussi c’etait inédit), un loque humaine. ca a entrainé par la suite une déression majeure qui bien que sous traitement ne disparaitra jamais, j’ai l’impression depuis 10 ans d’avoir perdu la moitié de mon cerveau et toute joie de vivre. Qu’on me permette donc un doute quant à la nature purement sociale de la chose, peut etre n’est-ce pas une maladie (encore que je crois que nous sommes la seule espace à endurer cette merde) mais les effets en sont absolument les mêmes et je doute que supporter palpitations et dépression clinique soit à moyen long terme du meilleur effet sur la santé justement, donc bref je ne suis pas d’accord avec les personnes qui ne considerent pas que ce soit pathologique. (en ne considerant que l’impact physique du machin)
    Quant au manque de suivi, vous avez mis le doigt sur le problème, c’est absolument vrai.

  5. J envie celles qui disent que la ménopause est une délivrance ! C’est une catastrophe pour moi cela fait déjà 3ans que je me bats contre ça pour commencer une dépression des crises d angoisse nourri par le fait de ne pas savoir se qui m arrivé une grande fatigue bouffées de chaleur plus accentuée la nuit bouffées d angoisse nausées palpitations malaise vagal se tourbillon a commencé avant même de ne plus avoir de règles mon docteur disait ça ne peut pas être là menaupose vous avez encore vos règles donc traiter pour dépression ça m a aidé à sortir la tête de l eau mais je ne dort toujours pas correctement c est se qui me pose problème le plus un manque de sommeil évident mais que faire de plus ! Je suis traité avec un gel hormonal je suis a la dose maxi ce qui me permet de me réveiller que 3 a 4 fois par nuit au lieu de toute les heures sans mon genycologue ne veut pas me prescrire le traitement en gélules car plus dangereux ma t il dit mais dois je me tartiner de gel parceque dose maxi ça fait beaucoup de gel ! Le reste de ma vie ! C’est très contraignant pour un résultat minime mon genycologue me dit je ne peux rien faire de plus pour vous ! J’ ai l impression d être abandonnée

    1. Bonjour Géraldine, n’hésitez à consulter un autre gynécologue, peu sont correctement formés sur la ménopause, pour info consultation du professeur Florence Trémollière à Toulouse, instagram compte menopause stories. Ne restez pas seule, il y a des solutions !

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