LES FEMMES ÂGÉES : UNE MAIN D’OEUVRE CACHÉE

femmes âgées

Dénonçant les préjugés dont sont victimes les populations âgées dans le monde, l’organisation caritative britannique Age international alerte sur le rôle inestimable des femmes vieillissantes au sein du foyer et de la société.

Les stéréotypes sur les personnes âgées sont nombreux. Avec un coût important pour la société, improductive, cette population serait sans « utilité ». Et tout particulièrement les femmes. Pourtant constate l’association Age international, « l’expérience des femmes âgées au travail est implacable, physiquement et émotionnellement difficile, et sous-payé ou non rémunéré ». Dans le monde entier, leur travail contribue à l’économie de leur communauté sans aucun soutien ni reconnaissance. Dans son essai «En finir avec la productivité: Critique féministe d’une notion phare du monde du travail», Laetitia Vitaud décortique l’apport du travail gratuit souvent réalisé par les femmes à l’essor de la productivité.

Une réalité qui aggrave les inégalités économiques femmes hommes dans les pays les plus pauvres. L’association britannique souligne que le travail que ces femmes accomplissent y est « négligé par les pouvoirs publics ». Pour en rendre compte, le rapport porté par Diane Elson, professeur émérite de l’Université s’intéresse aux femmes âgées en Éthiopie et au Malawi. « Les femmes de plus de 60 ans s’occupent de leurs petits-enfants, cultivent des aliments pour la pour la consommation familiale, travaillent dans des projets communautaires, et gagnent de l’argent, généralement dans des jobs précaires, pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille ».

La main-d’œuvre cachée nous invite tous à remettre en question nos propres stéréotypes, souvent intériorisés sur le fait que les femmes âgées ne sont pas productives, n’ont pas d’aspirations pour leur propre avenir et d’être un charge pour les autres générations de femmes.

Diane Elson

Le travail des femmes âgées sous les radars

Le rapport souligne que le sujet n’est pas tant le travail effectué par les femmes âgées mais les conditions nécessaires pour faire valoir « leurs droits économiques à un âge avancé ». En Europe, 95 % des personnes âgées ont accès à une pension, la moyenne chute à moins de 30 % pour l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et les États arabes cite l’étude. Par ailleurs,avant la crise sanitaire, les femmes âgées effectuaient globalement 4,3 heures par jour de soins et de travail domestique non rémunérés.

Alors pourquoi ce travail indispensable effectué par les femmes âgées passe sous les radars ? Le manque de données justifie en partie cette indifférence. La plupart des enquêtes et recensements administratifs ne définissent qu’un seuil 50 ou 60 +. Une catégorie qui ne peut rendre compte de la diversité des situations des femmes vieillissantes. Exclues des analyses du travail rémunéré, elles n’émergent qu’en terme de coût pour la société, un biais agiste tenace. « On les voit toujours comme un fardeau qu’il faut alléger pour libérer soi-disant les forces vives qui sont elle est vraiment créatives » confirme Laetitia Vitaud.

Les femmes âgées assument des quantités disproportionnées du travail de soins non rémunéré en raison d’une vie d’inégalités entre les sexes

Des préconisations contre l’âgisme

Pour alerter sur la paupérisation grandissante des femmes âgées, le rapport propose dix mesures pour enrayer l’âgisme. Assurer un travail décent, les inclure dans les politiques d’égalité, ventiler les données par sexe, âge et handicap, leur garantir l’accès à des soins de santé appropriés et abordables. Le vieillissement n’est pas neutre, les femmes âgées restent la population la plus discriminée. « Inconnues des médias, oubliées des statistiques, elles sont cependant indispensables aux cohésions sociales » résume dans sa présentation la revue POUR dans son édition Vieilles et citoyennes.

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