Selon un rapport du gouvernement britannique révélé le 18 juin dernier, le nombre de plaintes pour viol a doublé depuis 2016. Pourtant, ce même rapport révèle que depuis cette date, les poursuites judiciaires pour viol ont diminué de 62% et que le nombre d’individus condamné a baissé de 47%. Des chiffres particulièrement alarmants.
« Nous avons laissé tomber les victimes de viols » écrit en introduction du rapport la ministre de l’intérieur Priti Patel. D’après le gouvernement, les raisons du déclin de la prise en charge des victimes de viol sont « complexes et nombreuses », des retards d’investigation aux problèmes de réseaux informatiques. Les ministres ont donc promis une réforme du système qui viserait à soutenir et accompagner les victimes de viols de manière beaucoup plus efficace. Une promesse qui paraît pourtant trop légère aux victimes ignorées du système.
Un abandon des victimes de viol ?
Le rapport s’engage en effet à améliorer ces statistiques en publiant des comptes rendus de manière bi-annuelle (comprenant des données comme la qualité du suivi et l’engagement de la victime dans le processus) et en augmentant considérablement le nombre de cas soumis à la justice. Le gouvernement désire également que les futures investigations se concentrent sur les accusés plutôt que sur la crédibilité des victimes. « Trop souvent, les victimes de viols se sentent mises en accusation et ne se sentent pas crues. ». Les victimes font encore une fois face au mythe de la femme rancunnière qui accuse un homme à tort.
Si les victimes se sont dites reconnaissantes de ces excuses, elles regrettent le manque d’urgence du futur plan. Elles considèrent en effet les mesures trop vagues, manquant de détails notamment en termes de financements et de retombées. Les survivantes de viols disposeront néanmoins de droits supplémentaires et d’un meilleur accompagnement. Si jusqu’ici, les victimes devaient laisser leurs téléphones à la police pour qu’elle enquête sur leurs communications, cette mesure prend aujourd’hui fin avec le rapport. Il a également été annoncé que les femmes seraient mieux informées des droits dont elles disposent.
Des mesures trop légères
Selon Vera Baird, la déléguée des victimes en Angleterre et au Pays de Galle, les excuses des ministres sont les bienvenues et un premier pas, mais estime qu’ «on ne peut pas cacher que la sortie de ce rapport présente des opportunités manquées ». Si l’objectif est de retrouver les niveaux d’inculpation de 2016, il s’agirait seulement de passer de 3 à 13% des cas de sentence en cas de viol. Des chiffres qui demeurent dérisoires quand il en vient à des accusations si graves.
Alors ? Mots dans le vent ou réelles mesures à venir ? Il semble indéniable que le gouvernement britannique aurait pu pousser plus loin son projet de reconsidération des victimes de viol.