«LES CENT PLUMES» : LE NOUVEAU MÉDIA ÉCO FÉMINISTE

capture site Les cent Plumes

Créé par la journaliste Claudine Cordani, Les Cent Plumes, média collaboratif gratuit adopte un prisme éco féministe pour traiter l’information et donner leur place à toutes les cultures au sens le plus large. Interview d’une femme engagée.

La volonté de créer un média a toujours été là ?

Je me souviens avoir dit quand j’étais jeune journaliste : « j’aimerais bien lancer un journal sur les parents solo». Quelques années avant devenir maman solo. J’ai toujours été une journaliste qui interagit avec le monde, une passeuse d’info, un relais. A l’époque, j’avais 28 ans. Bien sûr, je n’avais pas les moyens de lancer un journal papier. Et si l’idée était bien là, je n’avais pas la maturité suffisante pour le faire.

Pourquoi se définir aujourd’hui comme éco journaliste ?

C’est pour moi une façon de regarder le monde et de me positionner comme personne responsable. Je me suis posé des questions comme : de quelle façon être éco-utile d’une manière journalistique, puisque c’est mon métier ? Et comment peut-on faire évoluer la société toute entière sous l’angle de l’écologie et pas seulement parler de transition écologique ? Dans Les Cent Plumes, nous parlons de la vie et, donc, la préservation du vivant : cela englobe n’importe quelle thématique. Car l’écoféminisme lie et relie tout. Je souhaite montrer qu’il est possible d’être une femme, une journaliste, engagée, bienveillante, sorore et qu’on peut collaborer avec d’autres personnes engagées dans la société pour imprimer au monde un autre mouvement. Et bien sûr, à la presse.

Quel est l’adn des Cent Plumes ?

La transmission d’informations reste la base de ce journal. La création et les arts m’ont permis de vivre. Il est temps de trouver des solutions, de faire preuve de créativité, de réfléchir autrement. Nous allons commencer à parler de personnes qui ont initié ce monde, qu’on a un peu oubliées, il est important de leur rendre ce qu’elles ont fait. Par exemple, je pense à Françoise D’Eaubonne [écrivaine écoféministe française qui a inventé le terme écoféminisme). Je pense aussi à René Dumont, premier candidat écologiste en 1974 en France. C’est une façon de créer un pont, comme pour dire qu’ils n’ont pas fait ça pour rien.

Le numéro deux vient de sortir avec de multiples collaboration (dont J’ai Piscine Avec Simone) comment l’as tu orchestré ?

J’ai créé ce concept de mensuel d’informations générales et culturelles au pluriel, avec plus d’un tiers de cultures du monde, syndicale, des droits des journalistes… Je trouve important d’informer aussi sur notre métier.
Ce journal est numérique. Je ne peux pas faire de version papier. Déjà, cela coûte cher et puis, est-ce que j’ai les compétences pour tout faire ? Parce qu’il n’est pas question de réaliser seule un mensuel, je suis allée chercher plusieurs journalistes, connus ou pas, ainsi que des personnes dont l’expertise est intéressante et à laquelle nous souhaitons donner un écho.

Pourquoi cet engagement semble vital pour toi au delà même de la création d’un média ?

Parce que l’information est le métier de ma vie. J’ai beaucoup travaillé et je me suis battue professionnellement pour le pratiquer. Hors des circuits depuis six ans, j’ai découvert le RSA pour la deuxième fois de ma vie. La difficulté d’un tel projet c’est de trouver le temps de le faire quand tu dois gagner ta vie en parallèle. Je n’avais plus de travail officiel, mais j’ai pu continuer de travailler chez moi. J’ai continué d’exister et de me battre pour l’information. Cela permet à des personnes comme moi de rester debout aussi. Je considère que je produis un travail de citoyenne, de femme engagée, d’activiste.

Pourquoi Les Cent Plumes se revendique éphémère ?

Parce que ce journal est un peu à l’image du monde. Il évolue, c’est le reflet de notre époque. Difficile de savoir ce qu’allait devenir cette aventure. Notre 1er objectif était d’atteindre 100 collaborations. Ce premier numéro a plu, même s’il était imparfait. Normal, nous n’avions pas eu le temps de faire un numéro zéro. Au total, nous avions réuni 18 plumes. Et puis, j’ai été contactée par des soutiens. J’ai fait également des démarches de mon côté et j’ai intégré le Spiil, le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne. Les Cent Plumes se professionnalise. Et ce n’est que le début de l’aventure !

Mini bio


1966 : naissance à Aubervilliers
1970-1984 : vit à Paris 19e
1984 : refuse le huis clos à ses violeurs lors du procès aux assises de Paris (1985).
1985 : sors du système scolaire sans le bac.
1986 : intègre la Chambre syndicale typographique parisienne et sors diplômée l’année suivante, et première de sa promo.
1987 : travaille comme ouvrière de photocomposition-typographe dans un atelier parisien.
1989 : intègre la presse comme rédactrice, puis maquettiste.
1990 : formée au CFPJ aux techniques d’écriture, de maquette, de secrétaire de rédaction (editing), au webjournalisme et au journalisme multimédia (en 2013, à l’EMI-CFD). Elle donne des cours au Celsa pendant deux ans.
De 1990 à 2017 : travaille comme maquettiste, SR (editing), rédactrice et coordinatrice de magazines. Non-spécialisée, elle travaille pour diverses rédactions et participe à plusieurs lancements : Carnets de voyage, elle.fr, Prima Maison, Femmes Majuscules…
2018 : devient activiste intersectionnelle.
2019 : est arrêtée par la police lors d’une manifestation pacifique place Beauvau contre les féminicides et l’inaction du gouvernement.
Début 2020, publie un plaidoyer La Justice dans la peau.

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