« LES AÉROSTATS » : L’ODE À LA LECTURE D’AMÉLIE NOTHOMB

Extrait couverture roman "Les aérostats" Amélie Nothomb - Albin Michel
Extrait couverture roman « Les aérostats » Amélie Nothomb – Albin Michel

Pour son 29 ème roman, la romancière belge revient à la source de sa vie, l’amour de la lecture. Depuis 1992, Amélie Nothomb publie de façon métronomique avec une prédilection pour les familles dysfonctionnelles. « Les aérostats » n’y échappe pas.

Ce qui impressionne chez Amélie Nothomb, c’est la fluidité de son écriture. D’un mot à l’autre, d’une phrase à l’autre, tout coule, comme l’eau limpide de la rivière. Son écriture est épurée, toujours empreinte d’un humour caustique.

Cette année, l’autrice nous entraîne dans sa ville natale, Bruxelles. Elle suit le sillage d’Ange, jeune philologue de dix-neuf ans, passionnée de lettres classiques, cohabitant avec Donate, maniaque compulsive. Ange c’est Amélie.

Les pouvoirs de la lecture

On est loin de Soif, qui marquait une transition dans l’univers de l’écrivaine. Avec Aérostats, elle revient à ses fondamentaux, un univers contemporain, un huis clos à l’air vicié. C’est une ode à la lecture et à ses pouvoirs ; celui qui fait grandir et celui qui aide à vivre. Une tragédie grecque car « tout roman est soit une Illiade soit une odyssée ».

Ange n’a pas de vie sociale, jusqu’au jour ou elle devient la tutrice de français du jeune Pie. Pie a seize ans, il est dyslexique et n’a jamais lu un livre de sa vie malgré la bibliothèque parentale aux étagères débordantes.

– Cela suffira pour aujourd’hui, dis-je. Pour la prochaine fois je veux que vous ayez fini « Le rouge et le noir ».

– Il va me falloir des semaines ! S’écria-t-il.

– Votre père veut que je vienne chaque jour. Théoriquement, il faudrait que vous l’ayez lu pour demain. Et c’est extrêmement possible.

– Attendez ! Protesta-t-il. J’ai jamais lu un bouquin de ma vie et vous, vous voudriez que j’ai achevé ce pavé pour demain ? L’objection me paru recevable.

– Je reviendrais donc après-demain. Au revoir.
Je quittait le garçon effondré qui ne me salua pas.

S’engage entre eux un dialogue littéraire des plus jubilatoire, un joute qui superpose littérature et vie personnelle. Pie se révèle être un jeune homme passionné et passionnant. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, la dyslexie de Pie disparaissant à la première lecture.

Une famille dysfonctionnelle

C’est sans compter sur les excentriques géniteurs. Grégoire Roussaire est cambiste, l’argent est un outil sans limite. Il rémunère Ange généreusement et l’observe à travers le miroir sans tain de son bureau. Rien ne lui échappe des leçons de son fils. La mère collectionne les céramiques sur internet. Jamais ne sont livrées à leur domicile, celles qu’elle achète aux enchères. Tout est immatériel comme son existence.

Désormais, chaque jour de la semaine, je me rendis chez les Roussaire. Puisque je n’étais plus censée guérir un dyslexique, je me permettais de lui parler parfois de choses et d’autres. Cela me valut des réflexions de la part du père… Je détestais ce type, mais je m’entendais de mieux en mieux avec Pie, que je trouvais de plus en plus intéressant.

Ce court roman est une excellente entrée en matière de la saison littéraire, il vous emportera loin de la réalité le temps d’un après-midi ou d’une soirée.

Amélie Nothomb, Les Aérostats, Albin Michel, 2020, 176 pages

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