LA MINI SÉRIE JAPONAISE QUI PARLE DU DÉSIR

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Se caler un marathon série est devenu l’activité incontournable du confinement. Si Netflix est notre copain d’insomnie, de pause, on est parfois à cours de recommandations. On vous conseille Kakafukaka, la série japonaise repérée sur la plateforme de streaming asiatique Rakuten Viki.

Ce confinement c’était enfin l’occasion de venir à bout de ma PAL (pile à lire), de passer mes soirées (après les visioconférences, l’école à la maison, les repas familiaux..) installée dans mon canapé avec ma chienne et un bon livre.

Les premières semaines, la charge mentale était telle que j’ai lu un livre à peine par semaine et mes soirées se sont terminées, souvent à l’aube, derrière l’écran de mon iPad en compagnie de diverses séries plus douteuses les unes que les autres … surtout faire le vide. Une routine s’est installée où la lecture et le binge watching se sont côtoyés dans la sérénité. Bien entendu, je pourrais vous parler des deux mini-séries Netflix incontournables : Unorthodox (sortie le mois dernier) et Unbelievable (sortie à l’automne 2019). Des bijoux comme sait en produire le géant du streaming. Deux histoires basées sur des faits réels, qui parlent de résilience dans la vie de ces femmes victimes d’épreuves effroyables.

Même si je vous recommande vivement ces deux séries, j’ai décidé de suivre une autre voie et de vous parler de Kakafukaka, une mini-série japonaise qui sort des sentiers battus. Adaptée d’un manga au titre éponyme, Kakafukaka, traduit par “Colocation d’adultes loufoques” aborde un sujet peu couvert dans nos sociétés patriarcales : le désir et le dysfonctionnement érectile.

La société japonaise vue du côté de l’intime

Le premier plan s’ouvre sur une jeune femme et un jeune homme, habillés en uniforme d’un supermarché japonais, ils se tiennent droits comme des i, attendant le client. Ils parlent sans se faire face. L’homme demande à la femme “qu’est-ce qui te motive dans la vie?” La jeune femme se décrit mieux par ce qu’elle n’a pas : ni hobby, ni passion, ni ambition. Elle n’attend rien de la vie. Terada san se laisse portée. Parce qu’elle découvre que son fiancé la trompe, elle part habiter en co-location où elle retrouve son premier amour de lycée. Aux sein de la maison vivent avec eux, une autre fille et un garçon, petit-fils du propriétaire.

Dans ce microcosme, ces jeunes proche de la trentenaire, parlent de leurs soucis existentiels. Hyongo, l’écrivain du groupe, s’exprime ouvertement sur son impuissance. Depuis deux ans, il ne bande plus et n’arrive plus à écrire. C’est un peu comme l’œuf et la poule qui est arrivé en premier? Grâce à Terada san, il retrouve de la vigueur, son corps répond à celui de la jeune femme. Elle va décidé de l’aider.

Un mini « Friends » version Tokyoite

Le cadre est posé pour 10 épisodes de 24 minutes, qui vont couvrir les soucis de la vie de ces jeunes, de leur sexualité sans tabou, des règles, de la grossesse possible si on ne se protège pas durant les relations sexuelles. Du travail, de la pression pour se marier. Tout est fait dans une délicatesse nipppone : le spectateur navigue entre légerté et profondeur. Les hommes et leurs faiblesses sont une réalité sans honte, les femmes ont aussi le droits d’avoir du désir et de le demander. Une grande palette des rapports humains et de leur complexité est abordée.

Le tour de force de cette série c’est de développer de l’empathie pour chaque personnage, car leurs défauts ne sont pas de l’ordre de la caricature. Entre Akari, l’ambitieuse jeune femme, Hase l’éditeur manipulateur jaloux, Hyongo l’écrivain un peu autiste impuissant et Teradasa san, qui se cherche, il y a de l’espace pour la bienveillance. Et chacun évolue grâce aux autres. Les hommes et les femmes ne sont pas enfermés dans un shéma, c’est un vent de fraîcheur.

Une belle découverte de confinement, qui permet d’explorer l’intimité et la vie dans une autre culture, de parler vrai et sans fard.

Kakafukaka, sur Viki rakuten, 10 épisodes de 24’, 2019 Kakafukaka “spécial episode”, 24’, 2020

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