LA NOMINATION DE KAMALA HARRIS ATTISE LE VOCABULAIRE SEXISTE ET RACISTE DE SES DÉTRACTEURS

Kamala Harris
Kamala Harris ©Gage Skidmore

Depuis l’annonce de sa nomination comme co listière de Joe Biden, Kamala Harris, 55 ans, Sénatrice de Californie et première femme noire inscrite sur un ticket présidentiel déchaine les attaques sexistes et racistes de ses adversaires, Trump en tête.

Les médias soulignent à juste titre que Kamala Harris est une pionnière. Née d’une mère indienne et d’un père jamaïcain, la co listière de Joe Biden est la première femme noire, d’origine asiatique à accéder au poste de procureure générale de l’Etat de Californie. Puis élue sénatrice du même Etat. Un parcours que Donald Trump a choisi d’éluder en s’attaquant à ses origines. Pour le Président américain, Kamala Harris serait illégitime pour siéger à la Maison Blanche, ses parents immigrants n’étant pas nés aux Etats-Unis.

Un argument complotiste déjà utilisé face à Barack Obama en mettant en doute son lieu de naissance. « ils disent qu’elle ne remplit pas les conditions parce qu’elle n’est pas née dans ce pays » a-t-il colporté, relayant une tribune (en anglais) publiée dans Newsweek du juriste conservateur John Eastman. Depuis le magazine a présenté ses excuses reconnaissant que « Cet éditorial est utilisé par certains comme un outil pour perpétuer le racisme et la xénophobie ».

Kamala Harris est « méchante »

Si le qualificatif puéril semble habituel dans une cour de récréation, « méchant » fait partie d’un vocabulaire régulièrement employé par Donald Trump. Le mot avait déjà été employé pour désigner Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle de 2016. « Une méchante femme » (A nasty women) est un argument disqualifiant régulièrement utilisé par le président américain contre les femmes. Comme le souligne Le Monde, l’insulte souligne un trait de caractère en mettant de côté ses compétences. Lors de l’audition de confirmation du candidat républicain Brett Kavanaugh à la Cour Suprême, la procureure se voit qualifiée de « horrible » et « extrêmement méchante » en raison de ses questions pugnaces.

Kamala Harris ne serait pas noire

La mise en doute prêterait à sourire si elle ne reflétait pas la question de l’identité noire. De par son métissage (tout comme Barack Obama), les détracteurs de la sénatrice de Californie la déclare illégitime pour représenter les jeunes afro américains, part importante des électeurs indécis. Elle leur « volerait » leur histoire. Selon l’enquête (en anglais) sur les intentions de vote des afro américains mentionnée par Slate, elles passeraient à 73% » avec Kamala Harris contre 47% avant sa nomination. La sénatrice ne manque pas de rappeler au cours des meetings son identité noire affirmée dans son autobiographie The Truths We Hold. « Ma mère savait que son pays adoptif nous verrait, Maya et moi, comme deux filles noires, et elle était décidée à faire en sorte que nous devenions deux femmes noires confiantes et fortes. »

Publication Facebook de Candace Owens
« Je suis tellement excitée que nous puissions voir Kamala Harris, qui a prêté serment au Congrès en tant qu' »Indienne-Américaine », jouer la carte « Je suis une femme noire » jusqu’en novembre ». Cette publication a été qualifiée de « fakenews » par Facebook.

La voix de Marge Simpson

La conseillère de Donald Trump Jenna Ellis a déclenché la polémique en comparant Kamala Harris à Marge Simpson. La riposte est venue directement de la chaine officielle des Simpson. Dans une courte vidéo, la cultissime mère de famille aux cheveux bleus rétorque. « Je n’ai pas l’habitude de faire de la politique mais la conseillère du président, Jenna Ellis, a déclaré que Kamala Harris a la même voix que moi. Ma fille Lisa dit que ce n’est pas un compliment. Si c’est le cas, en tant que femme au foyer ordinaire vivant en banlieue, je me sens un peu méprisée. J’apprends à mes enfants à ne pas insulter les gens, Jenna.« .

La prise de parole des femmes dans l’espace public est toujours critiquée. Trop haute, trop fluette, trop, toujours trop quelque chose. Toutefois, la critique rate sa cible car Donald Trump compte sur le vote les femmes au foyer des banlieues. Merci Marge !

Et ambitieuse avec ça !

Un article du New York Times rappelle les clichés qui accompagnent les femmes qui veulent accéder au pouvoir. Elles doivent y parvenir de préférence avec gentillesse et sourire. « Immodeste. Ambitieuse. (…) Ce sont les critiques étrangement persistantes qui accompagnent les femmes en politique » souligne la journaliste. Comme si la nature même de la fonction visée pouvait sérieusement exclure l’ambition. Personne n’a jamais songé à reprocher aux hommes leurs ambitions politiques ni les moyens qu’ils mettent en oeuvre pour les réaliser. Les femmes devraient avancer plus subtilement. « Gagnez le débat, mais excusez-vous plus tard. Et surtout, ne riez pas » résume l’article du magazine américain qui examine l’ambition des femmes noires. Selon l’étude citée, « 48 % des filles noires interrogées se sont identifiées comme des leaders, soit le pourcentage le plus élevé de tous les groupes ethniques ». Une ambition encouragée par la candidature de Kamala Harris.

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