« INVESTIES » : LE PROGRAMME D’ENTRAINEMENT À LA PRATIQUE POLITIQUE POUR UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’ACTIVISTES

Investies
©August de Richelieu/Pexels

Le champ politique majoritairement occupé par les hommes laisse peu de place aux femmes qui souvent renoncent. Face à ce constat un collectif féminin a conçu un parcours d’entrainement à la pratique politique qui a débuté en octobre 2020 et s’achèvera en juin 2021. Leur ambition ? Que des candidates puissent répondre présentes lors des législatives de 2022. J’ai Piscine Avec SImone a rencontré Marie Pierre Barrière, engagée au sein de cette prépa inédite. La professeur de français, militante des droits humains qui accompagne de jeunes étrangers sans famille analyse une autre vision de la politique.

Au départ « Investies » est un groupe d’une vingtaine de femmes qui a des degrés divers s’intéressent au champ politique. Certaines y ont déjà fait leurs armes comme Marie Pierre Barrière, d’autres ont envie d’y aller. Oui mais voilà comment fait-on pour s’engager dans les meilleures conditions ? Ces militantes élaborent un contenu de formation dispensé sur 5 week-ends, dont le dernier est prévu en juin. Il en ressort un guide d’apprentissage et beaucoup de sororité.

Quel constat a enclenché la création de ce programme d’entrainement ?

Notre idée était de former des femmes, qu’elles soient en responsabilité politique, ou qu’elles n’en aient plus parce que déçue, fatiguée ou blessée. Alors que ces femmes sont tout à fait solides et ont des compétences, on ne peut pas les laisser perdre et se contenter du fait que le champ politique soit cruel, difficile pour la moitié de l’humanité. Il faut y aller ensemble, organiser et faire ce que les partis politiques ne font pas, se former pour réinvestir le champ politique.

L’objectif n’est pas de gagner une élection mais de vraiment changer le mode de fonctionnement de la politique. Il faut redonner confiance aux citoyens en leur donnant aussi la possibilité de comprendre comment cela fonctionne.

Comment avez-vous conçu ce parcours ?

Nous avons identifié les freins qui nous bloquaient. Entre autres, la vie personnelle, la difficulté d’accéder aux responsabilités ou l’investissement lié au temps. Pour pouvoir surmonter ces obstacles, il faut acquérir des compétences et être nourri par les retours d’expérience de femmes. Au cours de chaque week-end, il y a donc trois ateliers et la parole d’une femme de pouvoir. Investies a construit des modules d’apprentissage sur les outils communication, les tracts, la profession de foi, la fabrique de la loi, la constitution de son équipe de campagne.

Est-ce que toutes les Investies qui suivent cette formation vont se présenter aux législatives ?

On est 60 dans la promo mais on sait très bien qu’on ne sera pas toute candidate. Il n’y avait pas d’obligation de cette nature. Il y a des femmes qui sont engagées dans des partis progressistes et d’autres qui porteront des candidatures citoyennes. La particularité de notre promo c’est que nous sommes toutes des femmes engagées, au travers de responsabilités soit politiques, au sein d’O.N.G ou dans des collectifs. Toutes ont une expérience du champ politique même si ce n’est pas de la politique politicienne. L’objectif est de créer un réseau, c’est-à-dire que même si on ne va pas toutes aux législatives, on va bâtir ça entre nous. Et ça manque beaucoup dans le champ politique.

Investies s’est inspirée des « community organizer » américains qui impliquent les citoyens dans l’action ?

Nous avons toutes lu avant d’embarquer pour ces week-ends Génération A0C de Mathieu Magnaudeix. Alexandria Ocasio-Cortez, (la plus jeune représentante du Congrès américain) reste un rôle modèle pour beaucoup d’entre nous. Des femmes de la promo donnent leur expertise, par exemple certaines au sein de la prépa ont déjà vécu des campagnes aux Etats-Unis, ce qui est précieux. Nous avons également organisé des Master class avec Caroline De Haas, Julia Cagé ou Sandrine Rousseau.

Vous comptez poursuivre ce programme dans le temps ?

On va expliquer aux femmes qui le souhaitent ce que l’on a fait, ensuite libre à elles de renouveler l’expérience. Mais notre travail doit aussi commencer dans la sphère politique. C’est pour cela que nous documentons tout ce qu’on vit. Nous avons élaboré un livret d’apprentissage pour que cela serve à d’autres femmes qui auraient envie de s’emparer de ce programme.

A titre personnel, allez vous présentez votre candidature ?

Je n’ai pas encore pris ma décision. Je fais partie des militantes un peu échaudées. Si j’y vais, je voudrais pouvoir entraîner un collectif, être une porte-parole et mettre des citoyens au travail qui pourraient ensuite alimenter le mandat. Le système français est très monolithique. L’élu est un peu seul à la tâche et on essaye vraiment de s’imprégner de nouvelles pratiques démocratiques qui nous permettent de repenser cela.

La sororité est à le socle des Investies ?

C’est central dans notre démarche. On sait que l’on peut compter les unes sur les autres cas de besoin de ressources. Je suis en train de lire Joie militante qui analyse les luttes des activistes américain.e.s. C’est quelque chose de très particulier en politique et je pense que le renouvellement en politique est lié à la capacité de créer des liens nouveaux de sororité.

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