VALENTINE BOYER : LA GÉNÉRATION 18/25 ANS A L’ASSAUT DE LA POLITIQUE

Valentine Boyer © SBE
Valentine Boyer © SBE

On les dit éloignés de l’engagement politique. Pourtant Sous l’étiquette du mouvement Allons Enfants étudiants et jeunes actifs de 18 à 25 ans ont présenté 58 candidats au premier tour des législatives. Parmi eux Valentine Boyer,  19 ans, étudiante en sciences politiques a fait campagne pour la première fois dans la 4ème circonscription du Calvados. Une expérience fondée sur l’appartenance à une génération qui souhaite s’adresser à tous. On lui a demandé si les combats féministes menés depuis la loi Veil étaient une préoccupation majeure et un facteur d’engagement. Conversation.

Pourquoi t’es tu engagée dans ce mouvement ?

J’ai toujours été intéressée par les sciences politiques,  mais j’étais dégoûtée de la politique en France. Je ne voyais que  des quêtes de pouvoir et du politiquement correctement. Un de mes voisins m’a parlé d’ Allons enfants que j’ai rejoint en début d’année à Lille où je fais mes études. J’ai retrouvé tout ce qui me dérangeait dans toutes les problématiques soulevés par le mouvement : le manque de transparence, de confiance envers les élus. j’ai été séduite par la mise en place d’une plateforme participative en ligne où chaque citoyen pourrait s’exprimer directement, construire des projets. Un instrument de démocratie participative. En plus, j’aimais l’idée que le mouvement regroupe des jeunes issus de milieux très divers.

Le fait que le mouvement soit ouvert seulement aux jeunes de 18 à 25 ans cela veut dire que vos préoccupations n’étaient pas prises en compte par les partis traditionnels ?

Il y a une image qui veut que les jeunes ne soient pas intéressés par la politique où bien passent leur temps sur leurs smartphones. On voulait casser ce stéréotype.  Notre génération va être la première à vivre moins bien que celles de nos parents. Tout notre programme est à l’horizon 2030 alors que les partis traditionnels parlent de réformes pour les 5 ans prochaines années. Les réformes vont nécessiter énormément de temps, que ce soit l’Europe, l’éducation, le développement durable … Les résultats visent la génération suivante. Le jour où on atteint 25 ans on doit quitter le parti parce que le but est que la génération suivante prenne le relais.

Comment ta jeunesse a été perçue pendant la campagne ?

Des gens nous disent que c’est génial.  Ceux qui sont dégoûtés de la classe politique qu’ils ont eu pendant 20 ou 30 ans. Quand ils voient notre dynamisme ça fonctionne. D’autres sont dubitatifs, et certains ne veulent pas nous écouter. En particulier les mecs du Front National ! Pourtant il y a des thématiques sur lesquelles on pourrait échanger. Par exemple sur le fait de dire que le système éducatif n’est plus adapté au monde du travail tout le monde se rejoint même si nos solutions sont différentes.

Est-ce que tu comprends que l’aspect générationnel d’Allons Enfant peut paraitre clivant ?

On me la dit tellement de fois ! Si on dit qu’on est un parti que de jeunes c’est aussi pour marquer les esprits. C’est le meilleur moyen de porter nos intérêts à l’Assemblée Nationale. Mais toutes nos mesures s’adressent à l’ensemble de la population. On ne veut pas qu’il n’y ait que des jeunes au pouvoir. On souhaite une coopération intergénérationnelle parce qu’on a besoin de mixer l’expérience et des nouvelles idées de la jeunesse. Surtout au niveau des instances locales.

Tu as participé à un débat dans la rédaction d’un journal local avec les 12 candidats, comment se sont-ils comportés avec toi ?

Beaucoup m’ont félicité mais un en particulier m’a interrompu sur la question des éoliennes parce que je suis jeune sûrement mais aussi parce que je suis une nana ! Dans ma vie en général, je ressentais ça au lycée « le manterrupting ». Il y avait plus de filles qui avaient de meilleurs notes que les mecs et c’étaient toujours eux qui prenaient la parole. J’avais un manque de confiance totale dans ce que je disais alors que je m’intéressais déjà aux sciences politiques parce qu’on me demandait si ce que je disais était vrai ou pas. On veut nous écraser. Mais pour moi ça me donne une force, plus on me fait ça plus j’ai envie d’être meilleure dans ce que je fais.

Donc il va falloir que tu dois travailler deux fois qu’un homme pour atteindre le même résultat. Comment changer ça ?

Ça doit passer par l’éducation quand on est petit. A force de faire des campagnes de sensibilisation, de voir des jeunes femmes qui s’engagent en politique ou qui font carrière, et qui sentent qu’elles ont de plus en plus leur place. C’est un travail énorme que doivent relayer aussi les médias. L’école, les pères, les hommes doivent être partie prenante. Ce n’est pas un combat que les femmes pourront porter seules. Les femmes doivent prendre conscience qu’elles ont leur place en politique.

Quels sont les combats à mener aujourd’hui sur le droit des femmes  pour ta génération ?

Tout ce qui concerne les agressions sexuelles. Plus je grandis je m’aperçois que les femmes apprennent très jeunes à savoir comment se comporter avec des mecs un peu lourds, ou même avec les hommes en général. Il ne faut pas les vexer, il ne faut pas blesser leurs égos, ces comportements sont épuisants. Avec des amis des parents, avec les hommes qu’on croisent dans la rue. Il faut au sein des écoles bien faire comprendre que les petits garçons et les petites filles sont au même niveau. Dès qu’on dit qu’on est féministe c’est considérer comme un gros mot. Alors que féministe c’est vouloir que les hommes et les femmes soient égaux et cela doit se traduire par l’égalité salariale. Mais tout le monde devrait être féministe ! La campagne d’Emma Watson était exemplaire. Les hommes d’Etat  doivent le revendiquer, ça doit être les premiers à être féministes. C’est une preuve d’intelligence de le dire. Plus vite il le reconnaitront, plus vite on pourra avoir la place qu’on mérite.

Qu’est ce que vous avez pris du féminisme de notre génération ?

L’avortement, le mariage homosexuel  ne devraient même pas être des sujets de discussion. Notre génération est plus ouverte pour l’adoption, le mariage homosexuel ou la question de l’égalité des salaires. Toutefois il y a  un recul du droit des femmes dans les pays développés. Trump dit que les victimes de viol ne pourront pas toucher l’assurance maladie ! C’est le président de la plus grande puissance occidentale ! C’est symbolique. Avec tous les combats qui ont été menés on ne s’attendait pas à de tels reculs comme la remise en cause de l’avortement en Pologne. On voit une autre génération qui veut se réapproprier ces droits. Il faut se demander pourquoi on en arrive là. C’est l’expression de société occidentales en crise. Ces problèmes par rapport aux droits des femmes c’est pour les hommes une manière de reprendre le contrôle.

 

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