CANCER DU SEIN : LE PROJET VÉNUS MET L’ART AU SERVICE DE LA PRÉVENTION

Projet Vénus Lyon
Projet Vénus Lyon

Alors qu’ Europa Donna France a dévoilé le 31 août le 2ème volet de l’enquête IFOP « les femmes et le cancer du sein », le centre d’art SpaceJunk de Lyon rappelle depuis 8 ans l’importance du dépistage avec son projet artistique « Vénus ». Une campagne photographique de sensibilisation et d’information teintée d’une forte dimension sociale. Faire de la prévention auprès des femmes des quartiers prioritaires de la ville est le cœur de cette initiative essentielle. L’étude publiée par l’association militante révèle qu’une femme sur huit est ou sera confrontée à un cancer du sein au cours de sa vie, et montre que moins de 60 % des femmes âgées de plus de 18 ans se sont fait dépister.

Concomitant avec la naissance du centre d’art de Lyon en 2008, Vénus reprend l’esprit de l’initiative « keep a breast »  (garder une poitrine) lancée à Biarritz par la fondation Roxy. Des bustes de surfeuses moulés, customisés par des artistes puis vendus aux enchères raconte Violette Paquien, responsable du projet lyonnais. « Nous avons souhaité mettre en place une initiative artistique au profit d’ Europa Donna en ajoutant sur les suggestions de la ville un volet social de prévention envers les femmes éloignées de cette préoccupation ». Les clichés de femmes buste dénudé sont mis sur toile puis retravaillés pour moitié par des artistes et au cours d’ateliers de création montés auprès des femmes peu sensibilisées à la question du dépistage. C’est l’occasion pour les chargés de prévention de la CPAM, de l’Ademas 69  et d’Europa Donna de transmettre les infos sur la maladie dans une ambiance sereine. « On s’adresse à un public qui a d’autres priorités. On se rend compte qu’avant de donner des infos sur la prévention et le dépistage il faut d’abord inciter ces femmes à prendre soin d’elles. Souvent elles se consacrent à leur famille, enfants, mari, et s’oublient totalement ». Les centres sociaux, d’hébergement pour femmes et enfants et de réinsertions professionnelles relaient l’information au plus près du public visé.

 

Principaux chiffres enquête IFOP/Europa Donna
Principaux chiffres enquête IFOP/Europa Donna

L’approche artistique du projet fait momentanément oublier l’enjeu du dépistage. « La plupart des femmes disent qu’elles n’oseraient jamais poser. Ce qui nous permet d’amorcer la conversation en leur demandant de quelle façon elles se perçoivent ». Violette recrute tous les ans des modèles bénévolement  shootés par le studio Le Carré depuis l’origine de l’opération. « Nous sommes assez libres de notre style et nous en tirons donc une bonne expérience ainsi qu’une banque de données photographiques intéressante. Ce sont toujours de belles journées pleine de sourires, d’émotions et de créations artistiques » explique Etienne Ruggieri photographe. 110 personnes cette année sont passés devant leur objectif. Elles ont de 20 à 74 ans et sont une majorité âgées de 30 à 45 ans. Leur motivation est très diverse. « Certaines ont été touchées dans leur entourage, d’autres ont accompagné des gens malades. C’est aussi un pied de nez à la maladie pour toutes celles qui ont eu un cancer du sein ». Les toiles seront exposées dans divers lieux de la Métropole avant leur vente aux enchères en décembre.

 

Toile réalisée à l'atelier du La Passerelle d'Eau de Robec - Epiceries sociales et solidaires photo de Manon-Dina Duclos et Etienne Ruggeri
Toile réalisée à l’atelier du La Passerelle d’Eau de Robec – Epiceries sociales et solidaires photo de Manon-Dina Duclos et Etienne Ruggeri

 

Il s’avère important de faire un travail sur la représentation négative du cancer du sein et de ses traitements et de revoir nos axes de communication et d’information, de façon à ce que les femmes retrouvent leur capacité de sujet, et à ce qu’elles parviennent à trouver une position et qu’elles ne soient pas otages de leurs peurs.

Natacha Espié, présidente de EUROPA DONNA FRANCE

 

 

Les femmes ciblées par Vénus font partie des 42% recensées par l’IFOP ne s’étant jamais fait dépister faute d’y avoir été incitées par leur médecin ou ne pensant pas être à risque. « Il est à noter que le cancer du sein est pour beaucoup de femmes corrélé à un certain nombre de peurs liées à la notion de perte : perte de l’intégrité physique, image dégradée de soi, de l’image sociale et du regard des autres, perte de la maîtrise de son corps, de ses capacités physiques, perte de ses capacités de séduction et perte éventuelle de la vie. Ces peurs jouent un rôle dans le dépistage, intégré comme savoir dans la prévention mais pas toujours effectué. » commente dans le journal des femmes Danielle Rapoport, psychosociologue. En juin dernier les gynécologues s’alarmaient pour leur part de la baisse du dépistage. En cause une défiance vis-à-vis de la mammographie identique à celle liée à certaines vaccinations.

 

Photo couverture Xavier Topalian toile de l’atelier du Centre d’hébergement VIFF réalisée par Zyra

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