ANNE SOPHIE LAPIX JOURNALISTE TENACE ÉCARTÉE DU DÉBAT D’ENTRE DEUX TOURS

Anne Sophie Lapix

Ni Marine le Pen, ni Emmanuel Macron ne souhaitent être interviewés par la journaliste de la chaine publique. Anne Sophie Lapix a été écartée de l’animation du débat d’entre deux tours. Un élémentqui interroge l’exercice du débat dans une démocratie.

De fortes pressions ont été exercées auprès de France 2 qui diffusera le 20 avril à 21 h prochain le débat d’entre deux tours de la présidentielle. Marine Le Pen a réfuté la présence de la journaliste réputée pour bosser ses interviews. Même distance pour Emmanuel Macron vis-à-vis de la journaliste. Les candidats redoutent sa pugnacité. L’exercice du débat démocratique n’aurait donc plus sa place dans les médias ?

La liberté de ton d’Anne Sophie Lapix déplait lorsqu’elle demande à Marine le Pen « Comment on revendique son indépendance quand on doit huit millions aux amis de Poutine ? » relate le Huffington Post. Absence de validation également de la part de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron au sujet de la présence de la journaliste. Ce qui choque le plus n’est pas son rejet mais bien plus son acceptation par la chaine de service public qui se plie aux exigences des candidats.

La représentation démocratique

Cependant, cette remise en cause n’est pas nouvelle, chaque élection présidentielle donne lieu à ce balai entre média et pouvoir. La possibilité de choisir le journaliste qui animera le débat d’entre deux tours est un fait acté par la pratique imposée par François Mitterand en 1981. Une jurisprudence souligne Serge Moati dans 20 minutes : « On est allé ensemble négocier avec le camp adverse toutes les règles. Il n’y avait pas de CSA à l’époque, il n’y avait pas de haute autorité ». A l’époque le débat a été orchestré par Jean Boissonat et Michèle Cotta.

Pourtant, le rôle du journaliste de ce débat est très limité, et si les questions sont connues des candidats, leurs craintes s’expriment dans la capacité de relance des intervieweurs. Une faiblesse en creux qui souligne la défiance des politiques vis-à-vis du contre pouvoir des médias. Si le bashing vis-à-vis de la presse est récurrent, il n’est cependant pas nouveau. Pierre Rosanvallon, historien et sociologue, professeur émérite au Collège de France rappelle ce matin au micro de France Inter que le journaliste est celui qui met les questions sur la table. Les médias sont une représentation de la démocratie souvent décriée. Et de rappeler la remarque de Napoléon III s’adressant aux journalistes : « Mais qui vous a élu vous ? ».

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