ANNE HEILBRONN : DANS L’INTIMITÉ DES ÉCRIVAINS PRESTIGIEUX

Anne Heilbronn
© Sotheby’s/ArtDigital Studio

Hier soir la deuxième édition du Prix de Trouville Pavillon Augustine a couronné « Pourquoi les oiseaux meurent » (édition Finitude) de Victor Pouchet. Créé en 2016 par le romancier Stéphane Héaume et le directeur de brasserie Arnaud Pelhate le prix distingue tous les deux ans une œuvre de fiction faisant une large place à la mer. Anne Heilbronn Vice Présidente de Sotheby’s France et directrice du département livres et manuscrits préside le jury composé d’écrivains. Cette passionnée de littérature revendique son statut de lectrice et sa neutralité pour une édition orpheline de Pierre Bergé président d’honneur fondateur.

Avec un père bibliophile Anne Heilbronn plonge dès l’enfance dans les livres et la littérature. Autour d’elle des éditions originales, des livres anciens, des lettres… Telle une aventurière elle traque l’objet littéraire pour en débusquer les mystères. « Comprendre ce qu’on a dans les mains, d’où viennent les textes. Pouvoir expliquer pourquoi une édition est mieux qu’une autre » énumère Anne Heilbronn qui met au nombre de ses plus belles émotions la lettre du capitaine Dreyfuss écrite avant son départ pour le bagne. Et d’avoir tenu entre les mains « Le manifeste du surréalisme » le manuscrit qu’André Breton avait offert à Simone Collinet sa première épouse. Cette pierre angulaire d’un des mouvements artistiques les plus importants du XXème siècle a été adjugé 3,6 millions d’euros. Face à ces manuscrits l’émotion est intense.

 

Dans mon métier souvent on va chez des gens et au fil des étagères on peut avoir de vrais surprises. Et des moments d’émotions. C’est un domaine tellement varié qui couvre 5 ou 6  siècles ! La littérature, les livres anciens, les livres de botanique, de voyage, de sciences, d’histoires, de poésie, de  peinture…

 

La mer et la littérature

Dans l’intimité littéraire de Proust ou Apollinaire dont elle connaît chaque rature l’érudite spécialiste a accepté avec enthousiasme le rôle de présidente du jury. « J’ai accepté avant tout parce que Stéphane me l’a demandé. Il m’a convaincue que ma neutralité par rapport au monde de l’édition était un atout ». A l’issue d’une première sélection de 10 ouvrages 3 romans demeurent en lice pour le tour final. Se définissant comme une lectrice « »lambda » la présidente du jury savoure le bonheur d’une thématique peu abordée dans la littérature. «Je ne peux pas vivre sans la mer» lance-t-elle. Trouville conjugue ses passions océanes et littéraires. Dans son panthéon maritime  Stevenson le célèbre écrivain écossais auteur de « l’île aux trésors » occupe une place de choix.

Le souffle de Pierre Bergé

Nostalgique Anne Heilbronn se souvient de ses conversations avec Pierre Bergé. « Je l’ai rencontré à l’occasion de la dispersion de sa bibliothèque. Et ça été une vraie chance pour moi d’échanger sur quelque chose d’aussi intime que sa passion pour la littérature ». D’ailleurs il ne sera pas remplacé et restera Président d’honneur à vie du prix. Lors de sa disparition en 2017 Anne Heilbronn rappelait au Figaro  que « Flaubert avait la part belle dans sa collection. Sa passion était née quand il avait 18 ans, quand il était coursier en livres. Elle l’aura accompagnée toute sa vie ».

 

Jamais lassée de découvrir de nouvelles disciplines la lectrice avoue être tentée par l’écriture. Un exercice auquel elle s’est déjà frottée. « Mais comment trouver de l’intérêt à ce que j’écris lorsqu’on passe autant de temps dans l’intimité d’écrivains prestigieux comme Proust ou Apollinaire » ?

 

Propos recueillis par Sophie Dancourt

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