Le renvoi brutal de Lisa LaFlamme, 58 ans, journaliste et cheffe d’antenne de CTV National News, la chaine anglophone canadienne a déclenché une très vive polémique. Accusés d’âgisme, les responsables de la chaine se justifient et mettent à mal la réputation de l’entreprise. Un signal fort.
La présentatrice vedette de la chaine appartenant au groupe Bell Media a annoncé sur son compte Twitter le 15 août son éviction de CTV. Face caméra, la journaliste qui couvrait la politique canadienne et internationale a déclaré que cette décision n’était pas la sienne. « j’ai été informée le 29 juin que Bell Media avait choisi de mettre fin à mon contrat. J’ai été sidérée, je reste sous le choc et très attristée de cette décision (…)». Après 35 ans de carrière au sein du groupe média, Lisa LaFlamme a été congédiée selon la version officielle en raison des modifications de consommation de l’information.
Mirko Bibic, le président de Bell Canada s’est justifié dans un post sur Linked. «Nous sommes à un carrefour, où les habitudes des téléspectateurs ont changé et où la télé traditionnelle connaît des difficultés à travers le monde. Dans un environnement de baisse des audiences et des plateformes en ligne mondiales, nous ne pouvons pas continuer à nous appuyer sur la diffusion traditionnelle. L’époque où les téléspectateurs attendaient jusqu’à 23 h pour obtenir leurs nouvelles est terminée». Mais la polémique demeure, car selon le Globe and Mail, le chef de CTV News, Michael Melling ( écarté depuis) aurait peu apprécié que Lisa LaFlamme laisse ses cheveux devenir gris.
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Une vague de soutien à travers tout le Canada
Un argument réfuté par la direction. «On a dit que l’âge, le sexe ou les cheveux gris de Lisa avaient joué un rôle dans cette décision. Je suis convaincu que ce n’est pas le cas» poursuit Mirko Bibic sur le réseau professionnel. Mais sans succès. Dans une lettre ouverte publiée dans The Globe and Mail des artistes, des journalistes, des militants des droits civils, des politiciens et des dirigeants d’entreprise, demandent à Bell Canada de « corriger les choses ».
La décision a suscité une vague de soutien dans le pays. Des marques ont lancé des campagnes publicitaires pour soutenir les femmes qui laissent leurs cheveux gris. La chaine de restauration Wendy’s a modifié sa photo de profil sur Twitter. Sa mascotte arbore des cheveux gris en place de ses fameuses nattes rouges. Des pétitions circulent demandant la réintégration de Lisa LaFlamme. Le tollé suscité par le départ de la journaliste met à mal la réputation de l’entreprise de presse qui avait fait de sa marque employeur le champion de la défense de la santé mentale dans le cadre de sa campagne «Let’s Talk» («Parlons-en»).